Un brouillard de sentiments contrariés

d’après une photographie de Nicolas Meurillon, Angers

Une lueur partout

Le soleil est proche

Une lueur centrale

Au mitan du lac, il n’y plus ombre d’arbre

Des reflets dans l’eau tranquille

En automne les squelettes de troncs, l’absence de feuilles, une épure

Des pieux, deux puis deux autres plus loin

[silence]

La surface ne masque pas le fond

Juste en-dessous de l’air, on peut deviner des contours

Il y a un regard, situé sur un chemin ou sur l’herbe humide

Un homme se promène. Des gens se promènent

Il a pu s’accrocher aux branches à droite

Il était embué de cette purée de pois

Il ne tremble pas. Il est stoppé. Il a l’œil concentré

Malgré la condensation, la tête et le corps sont affûtés

Je vois. Il y a une chose. Je ne sais pas

Il vient souvent dès l’aube. Le brouillard, la nuit, l’aveuglement

Cette chose est accrochée à une brindille qui pourrait bien casser sous le poids

Il revient toujours à cet endroit précis. Il le laisse en place

C’est un vêtement ?

Il ne le touche pas. Si proche du déséquilibre qui le ferait sombrer

Ce n’est pas sa veste à lui. Celle d’un amour perdu ?

Il y a longtemps. Un amour obscur. Un brouillard de sentiments contrariés

 

27 février 2016

© Catherine Robert

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