Inflexion

Quelque soit l’angle où je me pose

sous le ciel de Nîmes

sont des pierres

comme au seuil du monde

ou juste avant la chute

et de penser à Rome

ou bien à Londres

dans ses rues

les taudis en brique

dégageaient

une humide saleté

que l’absence de couleur définissait

et tout ce qui venait du Nord

je m’interromps

la nuit tombée m’alerte

je ne marche plus très droit

et m’incline face à l’obstacle

mais malgré mon âge

je me souviens

certains rasaient les murs

d’autres grimpaient dessus

leur poings armés et leurs dents aiguisées

prêts à faire un mal

que nulle lumière n’atténuait

devant moi la chaussée s’incurve

aussi sûre que l’écho

des champs de bataille

et puis l’artillerie

l’opium et les tirs

de ma cervelle trouée

et l’invisible obscurcit le soleil

l’opacité est un leurre non

à traiter de près ou de loin

ça occulte

ça détonne

ça gronde

j’étais mathématicien

baryton aussi

qui pouvait jouer de la flûte

quelques minutes seulement

l’envoûtement du rien du lointain

des sens infléchis

sous la cendre des éclairs

la schizophrénie existe

n’y voyez point malice

je ne sais pas

docteur Jekyll et Mr Hyde

toute géométrie est déviante

 

inflexion de la pente

des rigoles et des spectres nocturnes

délabrement de voiries

artifices anticipés

flammes au vent

opéra-comique

révolutionnaire brumaire

dégorge de pommes et de poires

des héliotropes anglais jaillissent

de failles creuses et sombres

sur une note unique

tant les heures sont perdues

 

là-bas tous les soirs je m’endormais sous un olivier

au rythme des phalènes qui s’en allaient tomber

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